La Forge de Mai est en circulation

1er Mai : revendications sociales, contre le gouvernement de plus en plus autoritaire et va-t-en guerre, pour la solidarité internationale avec le peuple palestinien
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Ne pas se laisser intimider, travailler à la solidarité

Ce journal arrive au lendemain des mobilisations du 1er mai qui, comme nous le soulignons dans notre article de la page 7, a été l’expression d’une « contestation significative ». Il faut dire qu’en face, Macron et son gouvernement ne sont pas avares de provocations.

Moins de 3 mois après le décret du 21 février qui amputait déjà de 10 milliards le budget 2024 voté quelques semaines plus tôt par le Parlement, Le Maire vient encore d’annoncer 10 milliards de coupes supplémentaires ponctionnées sur les budgets des services publics, des collectivités locales, de l’hôpital, de l’Education… Il y aurait, paraît-il, trop de fonctionnaires, trop de dépenses sociales, trop de fainéants qui glandent dans les administrations ou qui pointent à France Travail, se mettant ainsi au travers de la trajectoire vers le « plein-emploi » promis par Macron. Pour être sûr de pouvoir les obliger à accepter n’importe quel emploi même précaire et sous-payé, l’Etat a repris la main sur l’assurance chômage, sans égards aux « partenaires sociaux » qu’il ne loue que lorsqu’ils avalisent ses réformes. Mais quand un accord signé par 4 syndicats de la SNCF (CGT, FO, UNSA et Sud-Rail) prévoit une cessation d’activité anticipée pour les cheminots ayant occupé des postes pénibles, le ministre de l’Economie s’emporte contre ce « contournement » de la réforme des retraites qui va à l’encontre de l’objectif de remettre les « seniors » au travail. 

Le gouvernement veut éviter coûte que coûte que « Paris 2024 » ne soit gâché par des grèves. Macron voudrait faire de ces Jeux olympiques et paralympiques un grand moment d’unité nationale et de « fierté française ». Mais la réalité est plus forte que les marchands de rêves. Les jeux sans « le pain », que nous propose aujourd’hui Macron, laissent un goût amer : aux ouvriers accidentés sur les chantiers et aux familles de ceux qui y ont laissé leur vie ; aux étudiants qui ont été priés de céder leurs chambres universitaires ; aux migrants et aux sans-abri qu’on évacue de la capitale pour faire propre et aux associations de soutien en colère ; à tous ceux qui aiment le sport, mais qui n’ont pas les moyens d’assumer le prix des places et les coûts du transport et de l’hébergement qui ont explosé.

Dans le département de Seine-Saint-Denis, le plus pauvre et le plus « jeune » de la France hexagonale, les enseignants, les personnels éducatifs, les familles, les élèves et les étudiants continuent leur mobilisation entamée le 26 février en tenant ferme sur leur revendication d’un plan d’urgence pour l’Education qui alimente la contestation générale du « choc des savoirs » et du tri des élèves.

Un des marqueurs politiques de la période, c’est l’élargissement de la solidarité avec le peuple palestinien. Il faut dire que l’urgence est là. Les appels à la « désescalade » des Etats-Unis et de leurs alliés ne font pas dévier Netanyahou de son plan génocidaire. Surtout si, dans le même temps, ils font passer avant toute chose, le fameux « droit d’Israël à se défendre ». C’est ainsi que la France, avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni… a participé à l’interception des missiles et des drones envoyés sur Israël par l’Iran en riposte à une frappe israélienne contre un bâtiment consulaire iranien à Damas.

Parti des universités américaines, un mouvement d’occupation des lieux d’étude en solidarité avec le peuple palestinien s’est étendu dans de nombreux pays. En France, il a débuté par l’occupation de Sciences-Po Paris et de la Sorbonne et gagné d’autres villes. Dans un contexte général de mal-être, d’inquiétudes, de colères et de contestations de la société, la solidarité avec la Palestine met en mouvement des jeunes de plus en plus nombreux. Même si comparaison n’est pas raison, car la période est bien différente, il y a, de ce point de vue, des similitudes avec l’époque de la guerre du Vietnam dans les années 1960.

Intelligence artificielle à l’appui, le pouvoir et la réaction disposent aujourd’hui de beaucoup plus de moyens tant au niveau des techniques de contrôle et de maintien de l’ordre, qu’au niveau du formatage de l’opinion. La concentration des médias dans les mains d’une poignée de dirigeants de grands groupes en est un redoutable outil. Et le pouvoir judiciaire apparaît de plus en plus clairement comme l’autre béquille de l’Etat policier. En témoignent les multiples procès intentés contre des militants syndicaux, associatifs, et des dirigeants de partis politiques. Cela peut freiner, effrayer, mais ne suffit pas à faire taire la contestation et à museler les initiatives.   

Pour le syndicalisme de classe, s’emparer de ces questions politiques, n’est pas s’éloigner de la défense des intérêts des travailleurs, bien au contraire. Nécessité dictée par l’urgence de la situation, la solidarité de classe avec le peuple palestinien, « dans la rue, comme à l’entreprise et au bureau », participe au combat contre un système dans lequel exploitation des travailleurs, domination des peuples, pillages et guerres réactionnaires sont indissociables.

Dans ce combat, la classe ouvrière et ses organisations de lutte doivent faire entendre leur voix. Dire « Non à l’immigration jetable » et développer la solidarité pour que « tous les travailleurs qui opèrent sur le sol français puissent bénéficier des mêmes droits », comme l’a fait le syndicat CGT d’Akkodis. Affirmer comme l’a fait le syndicat CGT de la centrale nucléaire de Civaux : « Nous sommes des agents du service public, de la production d’électricité, et nous ne sommes pas là pour aider à fabriquer des bombes ! » Se porter en faux contre les affirmations d’un Le Maire quand, accompagné du ministre des armées, il vante les bienfaits d’une « réindustrialisation » via « l’industrie de défense ».

La participation à la manifestation parisienne du 1er mai de la communauté kanak de France, qui a rejoint le cortège syndical avec sa banderole : « Non au dégel du corps électoral » et qui a défilé avec la CGT est une importante expression de cette nécessaire solidarité des travailleurs et des peuples.  

Une solidarité nécessaire pour résister aux mauvais coups et pour avancer dans la voie d’une rupture révolutionnaire avec le système capitaliste impérialiste. C’est l’orientation de combat que porte notre parti et qu’il partage avec les membres de la Conférence Internationale des Partis et Organisation Marxistes-Léninistes. Nous publions dans ce journal plusieurs importantes déclarations des membres européens de cette CIPOML : une déclaration sur les élections européennes qui appelle à ne pas participer à cette « supercherie démocratique » et une déclaration à propos des 75 ans de OTAN : « Nous disons NON à vos guerres de terreur et de pillage ! »