De notre camarade, envoyé pour La Forge à La Souterraine
Ce mardi 16 mai, sous un soleil de plomb, plus de 3000 manifestants ont défilé dans les rue de La Souterraine petite ville de la Creuse en solidarité avec les ouvriers de la société GM et S dont l’usine fabrique principalement des pièces pour Renault et PSA et qui est menacée de fermeture.
3000 manifestants s’est la moitié des 6000 habitants de la ville. C’est dire si cette mobilisation du 16 mai à l’appel notamment de la CGT de l’usine a eu un très fort écho national, et en tout cas un vrai retentissement régional.
De Bourges, Montluçon, Guéret, Vierzon, St Florent, Figeac, Limoges, de Clermont Ferrand… les drapeaux de la Cgt des Hôpitaux, des métallos, des cheminots, des territoriaux, des retraités… flottaient dans la cour de l’usine avant de prendre le chemin de la mairie. Mais aussi ceux de la CGT Poissy du 93, des égoutiers de Paris auxquels se mêlaient les tee-shirts portés par les métalos de Punch (ex GM) de Strasbourg qui eux non plus n’avaient pas hésité à faire le voyage pour soutenir ces 277 ouvriers menacés de licenciement parce que Renault et PSA pour toujours plus de profit en ont décidé ainsi. Solidaires, la FSU et FO étaient également présents.
Etaient annoncés et sont effectivement venus Philippe Poutou et Jean Luc Mélenchon.
La veille, à la préfecture de Guéret, la réunion avec les donneurs d’ordre, la CGT et les élus pour essayer de trouver une solution afin d’éviter le dépôt de bilan qui pourrait être prononcé par le tribunal de Poitiers le 23 juin, a une nouvelle fois tournée court.
Les représentants des deux monopoles de l’automobile campant sur leur position, refusant toujours d’assurer les commandes nécessaires pour non seulement pérenniser le site, mais assurer du travail aux 277 salariés, en charge avec leurs familles de 800 personnes au total.
Sous la pression, ils se sont dits prêts à assurer du travail pour 90 personnes… peut-être 100. Mais la CGT de l’usine, comme l’ont déclaré ses responsables lors de la prise de parole avant de partir en manifestation ne sont pas dupes: « autant raser tout de suite l’usine »!
Le maintien des emplois à GM et S, cela représente 1% du chiffre d’affaires de l’emboutissage en France. Mais visiblement pour ces messieurs de Renault et de PSA c’est beaucoup trop!
Dans les discussions avec les ouvriers, les employés et les cadres, tous expliquent la stratégie de ces groupes qui vise à doubler les sites de production spécialisés dans l’emboutissage comme celui de GM et S, pour pousser toujours plus loin la mise en concurrence entre les sites et en même temps s’assurer une permanence dans l’approvisionnement quelle que soit la situation, et notamment en cas de grève.
Dans les discussions avec les uns et les autres, ouvriers, employés, cadres… tout au long de cette journée, c’est ce fort sentiment de solidarité entre tous qui se dégageait. Tous d’en parler comme si c’était naturel. Certes la lutte rapproche, mais quand cela rapproche tous les salariés, cela va plus loin. Cela dépasse y compris le fait syndical. On se sert les coudes face aux exigences sans cesse plus fortes depuis des années des principaux donneurs d’ordre mais aussi, dans pour pouvoir continuer de vivre ici.
Et c’est aussi ce que traduit le fait d’avoir piégé l’usine avec des bonbonnes de gaz accrochées à la grande citerne d’Air liquide, à l’entrée.
C’est une collectivité de travailleurs qui fait corps, qui fait corps aussi avec son environnement social, la Creuse, terre de résistance à cette libéralisation économique à tout crin qui pousse toujours plus à la désertification de ces régions en marge des grands axes de communication et des grands pôles industriels et économiques.
L’usine de GM et S est située dans les champs, à 3 km du centre-ville de La Souterraine. C’est à Guéret, la « grande ville » d’à côté, qu’a été lancé le grand mouvement pour la défense des services publics. Et entre les ouvriers de GM et S, les cheminots de La Souterraine, les liens de lutte sont réels. Quand vous prenez le train, à la gare de La Souterraine les affiches de soutien à GM et S et celle pour le maintien de la gare et l’activité cheminote sur la ville sont collées côté à côte sur les vitres.
Devant l’hôtel de ville, drapeaux de la Cgt sur la façade, avec les ouvriers de GM et S avec leur tee-shirt bleus sur la terrasse et sur les marches de l’escalier extérieur, au terme de la manifestation, devant une partie de la population de la ville, les différents intervenants sont revenus sur la nécessité de faire plier les Renault et PSA pour qu’ils assurent les commandes nécessaires et la pérennité du site.
Là est tout l’enjeu de cette partie de bras de fer entre les 277 travailleurs de GM et S, la population de la ville, et plus largement, avec le mouvement de solidarité syndical et populaire d’une part et les Carlos Tavarez et Ghosn d’autre part sans oublier l’Etat actionnaires de ces deux grands groupes.
En participant à cette journée de mobilisation, nous avons voulu dire que les travailleurs de GM et S ont toute notre solidarité.
dans la cour de l’usine avant le départ en manifestation
tie-shirt des GM&S
devant l’hôtel de ville