Un logement, c’est un droit !

Tract pour les manifestations du 6 juin
5 juin 2023
Le journal de juin est en vente et en téléchargement
6 juin 2023

Un rassemblement était organisé par le Dal, ce mardi 5 juin, à Grenoble. Un après les premières actions pour le relogement de familles à la rue : 6 semaines d’occupation de l’esplanade de la Caserne de Bonne l’été dernier, puis, faute de réponses de la préfecture de l’Isère, occupation de l’école Jean Macé, et dans la foulée de très nombreuses autres…  Et toujours rien de réglé, alors que les écoles vont bientôt fermer !

La date coïncidait avec la présentation dans la journée des mesures logement que le gouvernement entend mettre en œuvre. Le Dal en a dénoncé le prisme : essentiellement, aider l’investissement et soutenir le marché privé. « On ne construit pour faire de l’argent, pas pour que tout le monde puisse avoir accès à un logement. » En revanche, rien sur la revalorisation des aides au logements, rien de nouveau sur le blocage des loyers, rien sur la réquisition des logements vides, mais … engagement ferme à appliquer la loi Kasbarian-Bergé !

Il y avait du monde, de la solidarité et de la détermination, mais aussi beaucoup d’ambiance avec slogans, musique et chansons.

L’intervention initiale du Dal sera suivie par des témoignages de familles, d’enseignants, de l’intersyndicale « enfants migrants » …

A lire dans la page Logement de La Forge de juin :

Crise du logement . Les intérêts des promoteurs et les nôtres ne sont pas convergents

Aujourd’hui tout le monde, y compris le Medef, s’accorde à parler d’une « crise du logement ». Elle frappe un secteur d’activité important, avec des conséquences sur l’emploi. Elle met aussi en évidence une politique désastreuse qui place dans des situations de plus en plus difficiles ceux qui ont besoin de se loger. Alimentée par divers facteurs qui se cumulent, cette crise touche tous les aspects du logement.

Moins de logements neufs construits

La crise financière de 2008 avait fait chuter de manière spectaculaire la construction de logements et avait eu de lourdes conséquences au niveau de l’emploi (200 000 salariés en moins entre 2008 et 2015). Ce secteur, qui semblait en phase de reprise a été à nouveau fortement affecté à partir de 2020. La crise sanitaire a provoqué une baisse importante d’activité dans la Construction (chute de 30 % du nombre de permis au cours du 1er semestre 2020), alors que, parallèlement, les prix des matériaux bloqués par la paralysie de l’approvisionnement commençaient à grimper. Cette envolée des coûts s’est encore accélérée avec la guerre en Ukraine.

La demande, de son côté, chute pour plusieurs raisons. Les crédits sont plus difficiles à obtenir pour les particuliers et la hausse des taux d’intérêt (3,15 % en avril 2023 contre 1,06 % en décembre 2021) est rédhibitoire pour beaucoup d’aspirants à l’accession. Du côté du logement social, les bailleurs sociaux ont vu leurs ressources durement ponctionnées par les réformes des aides au logement, tandis que les collectivités locales ont vu les leurs se tarir avec la suppression de la taxe d’habitation : avec 87 500 logement sociaux agréés en 2020, la chute est de 17 % par rapport à 2019. Quant aux 95 000 agréments délivrés en 2021, ils sont bien en dessous de l’objectif de construction de 250 000 nouveaux logements sociaux par an que le gouvernement avait annoncé pour 2020-2022.

Moins de logements disponibles à la location

La hausse des taux d’emprunt oblige de nombreux locataires qui avaient un projet d’achat à rester dans les lieux, ce qui limite le nombre de logements disponibles sur le marché locatif. L’entrée en vigueur de la loi Climat et résilience interdisant la mise en location des « passoires thermiques », nombre de bailleurs privés renoncent à mettre leurs biens en location : parce qu’ils ne souhaitent pas les rénover, ou qu’ils n’en n’ont pas les moyens, s’il s’agit de petits propriétaires. Une partie de ces logements restent vides. La plupart seront rasés, rachetés par des promoteurs qui en feront des résidences aux loyers inabordables. Certains sont récupérés par des marchands de sommeil qui les loueront à des personnes fragilisées. Un autre phénomène inquiétant est la reconversion d’un nombre de plus en plus important de logements en logements touristiques, bien plus rentables (d’autant que jusqu’à la fin de l’année 2022, les propriétaires indélicats pensaient que les meublés touristiques échapperaient au DPE obligatoire (Diagnostic de performance énergétique). Tout cela fait que l’offre de logements à louer a chuté de 46 % entre 2019 et le 1er trimestre 2023 !

Une situation particulièrement critique pour le logement social

Tandis que l’accès au logement privé est de plus en plus difficile pour les ménages à revenus modestes ou moyens, les demandes de logement social explosent, et les listes d’attente s’allongent. Selon l’Insee, en 2021, moins d’une demande sur 5 a été satisfaite. Entre 2015 et 2021, la dépense publique pour le logement est passée de 42 à 35 milliards d’euros. A elles seules, les APL ont connu une baisse de 2,5 milliards d’euros (soit autant de recettes en moins pour les organismes HLM).

La situation de l’hébergement d’urgence n’est pas meilleure. Si partout les demandes excèdent le nombre de places, la situation est devenue particulièrement critique en région parisienne. A l’approche de la coupe du monde de rugby et des jeux olympiques, près de 5000 chambres d’hôtel utilisées pour l’hébergement d’urgence ont été perdues. Les SDF, qui ne doivent pas pour autant faire mauvaise figure dans les rues, seront déplacés en province.

La situation est également très difficile pour les étudiants. Le nombre de place en cités-U est très insuffisants, et après le stress de Parcoursup vient l’angoisse de trouver un logement pour la rentrée universitaire.

Mal logés et criminalisés !

Il est de plus en plus difficile pour de plus en plus de monde de trouver, à un prix abordable, un logement qui correspond à ses besoins. Alors que le logement est le premier poste de dépense des ménages, les demandes se concentrent sur les T2, pas forcément adaptés à la taille de la famille, mais moins chers. Le nombre de personnes en impayés de loyers et de charges augmente et les expulsions locatives se multiplient (17 500 réalisées par les forces de l’ordre en 2022). La proposition de loi, « visant à protéger les logements contre l’occupation illicite » (loi Kasbarian-Bergé), a été adoptée en deuxième lecture par l’Assemblée nationale, le 4 avril 2023. Le texte est passé avec l’appui du centre, de la droite et du Rassemblement National, par 385 voix exprimées contre 147. Il criminalise les pauvres qui doivent choisir entre la prison (s’ils ne quittent pas les lieux) et la rue… !

Un gouvernement sourd à la détresse sociale, mais attentif aux doléance du patronat

Depuis son premier quinquennat, le parti pris de Macron est le sacrifice du logement social au profit du privé. C’est le prisme de toute sa politique qui a, jusqu’à présent, refusé de faire du logement une priorité. (Il n’y a même pas de ministre du logement, juste un ministre délégué, nommé in extremis lors du remaniement de juillet 2022.) Mais comme pour l’hôpital public ou l’Education nationale, il est un moment où la situation devient trop critique. En avril dernier, c’est G. Roux de Bézieux, qui a dit qu’il fallait faire du logement une nouvelle « grande cause nationale ». Il parle évidemment au nom des promoteurs qui s’inquiètent de la montée des coûts et de la chute de la construction de logement, alors que les opérations de rénovation profitent davantage aux artisans. Après un premier report, les conclusions du Conseil national de la refondation logement, devraient être discutées en juin ainsi qu’une loi régulant les locations touristiques de type Airbnb. E. Borne a déjà laissé entendre la réponse du gouvernement : demander aux banques de « continuer à prêter » !

Devenu un problème crucial, la crise du logement est un élément de la crise du système. Elle met en évidence toutes ses contradictions et ses dures conséquences pour les classes laborieuses.

Ce n’est pas un « geste » des banques et un gavage des promoteurs qui résoudront cette crise. Les luttes pour le droit à un logement décent à un prix abordable, pour tous, vont se poursuivre et nous devons les soutenir.

Mayotte. Une politique du logement à coup de bulldozers

« Arrêtez Wuambushu ! ». C’est le titre du communiqué publié le 23 avril par l’association Droit au logement à propos de cette « opération de destruction massive, sans relogement et en l’absence de jugement d’expulsion, de plusieurs milliers d’habitations ». Darmanin la justifie par l’état d’insalubrité du quartier informel de Koungou et par la délinquance qui y règne. La destruction des logements s’accompagne d’une vaste opération de police visant à l’expulsion de très nombreux migrants comoriens.

Mayotte, qui fait partie des Comores, est restée territoire français parce que, dans les années 1970, la France et ses barbouzes ont tout fait pour entraver la décolonisation de cet archipel qui a proclamé son indépendance en 1975. Aujourd’hui département français, Mayotte est un concentré de pauvreté et de misère, d’inégalités et d’injustices : taux de chômage de 34 %, carences du logement social, du système de santé, du système scolaire.

La destruction de ces habitations s’est faite en application de l’article 197 de la loi Elan du 23 novembre 2018, qui prévoit l’évacuation et la destruction de l’habitat informel à Mayotte et à la Réunion, par simple arrêté du représentant de l’Etat. Comme le souligne le Dal, cette « loi ELAN, pourtant rétrograde, n’est même pas respectée » puisque la proposition de relogement ou d’hébergement d’urgence adaptée à chaque occupant, que prévoit l’article 197, est inapplicable dans la mesure où « Mayotte ne dispose pas des moyens suffisants de relogement ni même d’hébergement au regard du nombre d’expulsions/destructions envisagées ». Comme le Dal, qui l’a qualifiée « d’opération anti-pauvres, accompagnée d’une communication décomplexée », de nombreuses organisations, dont notre parti, ont dénoncé cette destruction massive et brutale de logements. Elle pénalise les plus pauvres, sans résoudre aucun des problèmes sociaux que connaît Mayotte.ê