Défendre les critères de classe pour avoir prise sur la situation
La situation nationale et internationale évolue rapidement et les interactions sont immédiates, d’autant que l’impérialisme français en est, dans de nombreux cas, partie prenante.
Il n’est pas toujours facile d’en comprendre les causes et les enjeux, car les intérêts des peuples peuvent être instrumentalisés par des forces obscures (comme on le voit en Syrie). Mais ce qui ressort, c’est que le système capitaliste impérialiste est le principal responsable des conflits, des guerres, des dérèglements de toutes sortes. C’est un des aspects que les articles de ce journal s’efforcent de mettre en lumière. Mais le principal aspect que nous voulons mettre en avant, c’est que la classe ouvrière, les travailleurs, les masses populaires, la jeunesse, les femmes, les peuples qui se battent pour leur émancipation… ne restent pas spectateurs, refusent de subir les conséquences, se battent pour défendre leurs intérêts, pour les imposer, pour faire progresser leurs conditions de vie, de travail, leur avenir.
En France, les mécanismes institutionnels sont bloqués et Macron y contribue. Mais comme l’expliquent les articles politiques qui ouvrent le journal, derrière toutes ces manœuvres, il y a la volonté de l’oligarchie d’imposer des budgets de régression sociale, qui pèseront lourdement sur les travailleurs et les masses populaires. Le Capital sera largement dispensé de tout « effort » et l’Etat sera plus que jamais à son service pour restructurer, licencier, raboter les droits sociaux et collectifs des travailleurs.
Nous ne nous désintéressons pas de ce qui se passe au parlement, dans les coalitions et les partis politiques et quand il le faut, nous prenons nos responsabilités, comme nous l’avons fait en juin, pour infliger une défaite à Macron et empêcher le RN d’avoir la majorité absolue au parlement. Mais c’est à la construction, à l’extension et à la consolidation des fronts de résistance que nous travaillons en priorité.
Les pages sur les mobilisations des travailleurs et travailleuses de la fonction publique (santé, éducation, France travail…) s’en font l’écho. Augmentation des salaires, des effectifs, refus des suppressions de postes, reconnaissance du travail et de l’utilité sociale de ces secteurs vitaux pour les masses populaires et refus de leur démantèlement mobilisent et continueront à mobiliser.
Les résistances ouvrières dans les entreprises à la vague de licenciements font l’objet de plusieurs articles, qui font connaître les combats menés par les travailleurs et leurs syndicats de plusieurs entreprises, soutenus par des travailleurs et des syndicats d’autres entreprises. Comme il est dit dans l’article « il faut faire payer les patrons », « il faut que ces travailleurs de Michelin, de Valéo, de Vencorex et ceux de tant d’autres entreprises arrivent à faire plier leur patron à l’image des ouvriers de Dumarey à Strasbourg ». C’est cette orientation de classe que nous soutenons.
Nous continuons aussi à analyser les profonds changements qui s’opèrent de façon brutale et même chaotique dans la filière stratégique qu’est l’automobile.
Sur le plan de la défense des libertés démocratiques, il est important d’amplifier la résistance à la politique raciste, de division impulsée par Retailleau et qui sera poursuivie par son successeur. Le rendez-vous du 14 décembre est important, pour dire « les lois immigration, ça suffit », « le racisme qui reprend les positions du RN, ça suffit ! ».
Ce combat marque des points, comme le montre l’article sur le l’inauguration à Grenoble, du local des livreurs à vélo, avec ou sans papiers, « partie intégrante des résistances du monde du travail ».
Une page du journal est aussi consacrée aux mobilisations contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, que le procès des violeurs dits de Mazan a puissamment dénoncé.
La lutte contre les projets inutiles, coûteux, destructeurs sur le plan environnemental est au cœur des mobilisations contre l’A69 se poursuit aussi sur le plan juridique. Celle pour faire payer les monopoles et les Etats pollueurs n’a pas avancé lors de la Cop 29.
Au niveau de l’UE, le détricotage du « pacte vert » se poursuit, notamment dans le domaine agricole, avec la signature de l’accord décrié avec le Mercosur. U van der Leyen, à la tête d’une commission toujours plus à droite et ouverte à l’extrême droite, en revendique l’utilité pour les monopoles de l’agro-alimentaire, les banques, les monopoles de l’industrie, dans le cadre de la concurrence effrénée avec la Chine.
Le cessez-le-feu au Liban permet aux populations de souffler, mais ne règle pas les problèmes du pays. L’Etat sioniste d’Israël étend y son influence, tout en poursuivant le génocide du peuple palestinien. Nétanyahou se réjouit de la chute du régime syrien à laquelle il a participé, car elle affaiblit l’Iran et ses alliés. Il y voit aussi un pas dans la « reconfiguration du Moyen Orient » promue par Trump. Dans ce contexte, le soutien de Macron à Nétanyahou n’en n’est que plus criminel.
En Ukraine, l’impérialisme US, ses alliés et le régime ukrainien veulent imposer à Poutine une « paix armée » qui signifie la poursuite de la livraison d’armes et une implication militaire accrue des Etas européens. De son côté, Poutine accroît sa pression militaire, avec l’aide de la Corée du Nord.
Sale temps pour l’impérialisme français en Afrique
Pratiquement les mêmes jours, les autorités du Tchad annonçaient la rupture des accords de défense entre leur pays et l’impérialisme français (présent militairement depuis 100 ans dans ce pays-clé de la Françafrique) et le nouveau régime sénégalais exprimait une intention identique. La lettre de Macron reconnaissant enfin le massacre des soldats sénégalais en 1945 n’a pas changé la tendance, même si cette lettre représente une victoire symbolique pour le peuple sénégalais.
Il s’est beaucoup dit que Macron a été « pris de court », enfermé dans ses certitudes et son égo. Il croyait certainement que la réception officielle, les 28 et 29 novembre, du chef d’Etat du Nigeria, ce géant économique de l’Afrique, allait ouvrir de nouveaux marchés aux monopoles français. L’impérialisme français n’a pas perdu tous ses « atouts », mais la concurrence des autres puissances impérialistes est trop forte pour qu’il puisse espérer jouer un rôle de premier plan.
D’autant que la crise coloniale est amplifiée par la politique d’austérité qui se fait lourdement sentir dans toutes les colonies, alimentant la contestation légitime des peuples.