Depuis le 1er septembre, la Martinique est secouée par d’importantes mobilisations contre la vie chère : manifestations à l’initiative du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), barrages routiers, incendies de commerces ou de concessions automobiles. Des gendarmeries ont été prises pour cible et des affrontements ont eu lieu avec les forces de sécurité. Des dizaines de personnes ont été arrêtées pour participation à des manifestations non déclarées…
Une certaine accalmie avait coïncidé avec la tenue de table rondes réunissant le RPPRAC, la grande distribution (qui impose des prix 40 % plus élevés qu’en métropole), les services de l’Etat et la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM). Mais la violente répression d’un barrage sur un rond-point du Lamentin, lundi 8 octobre, a renflammé tout le territoire.
Une trentaine d’organisations syndicales et politiques ont appelé à une « mobilisation générale contre la répression coloniale » dans le cadre d’une journée « Martinique île morte » mercredi 9 octobre. La CGTM (Confédération Générale du Travail de la Martinique) a invité « tous les travailleurs à cesser le travail, à se joindre à ceux qui sont mobilisés depuis déjà plusieurs jours, pour apporter une réponse à l’acte qu’il y a eu hier à Mahault ».
Dans la suite de cette mobilisation, de nouvelles émeutes ont éclaté. Envahi, l’aéroport de Fort-de-France a été fermé, les écoles ont été fermées et le CHU de la Martinique a déclenché le « plan blanc » (annulation de rendez-vous, déprogrammation d’interventions). Un couvre-feu de 21h à 5h a été décrété jeudi 10 octobre, ainsi que l’interdiction des attroupements, rassemblements et manifestations sur l’ensemble du territoire de la Martinique.
La répression est, pour le moment, la seule réponse concrète de l’État colonial français et du gouvernement Barnier-Buffet (nouveau ministre des « Outre-mer »). Elle ne parviendra pas éteindre la colère et la révolte, dont le terreau sont la vie chère, la pauvreté et les inégalités. Elles sont les conséquences du système colonial que maintient l’impérialisme français dans les colonies. Elles s’ajoutent aux attaques économiques, sociales, politiques, anti-démocratique, environnementales que l’impérialisme fait subir aux travailleurs, aux peuples et à la jeunesse de ces territoires. (1)
En Martinique, en Guadeloupe, comme en Kanaky, la situation de chaos économique et social, dont les seuls responsables sont l’État colonial et les « profiteurs » locaux, montrent que ce système est à bout de souffle.
Des mesures concrètes et immédiates doivent être prises pour soulager la population.
Nous exprimons notre solidarité avec les travailleurs, les jeunes, les masses populaires et leurs organisations de lutte, qui portent ces exigences et contestent l’oppression coloniale.
(1) Cf. : https://www.pcof.net/martinique-guadeloupe-contre-la-vie-chere/
Manifestation le 1er octobre – Barrage au Robert, le 10 octobre