Ce mardi matin, 11 octobre, à la Villeneuve de Grenoble, un piquet anti-expulsion a réuni plusieurs dizaines de personnes pour faire obstacle à l’expulsion d’une famille menacée d’expulsion..
Concernée aujourd’hui, cette famille d’un réfugié d’Afrique sub-saharienne débouté du droit d’asile. Elle risque de se retrouver à la rue, comme beaucoup de sans-papier qui ont dû fuir la misère, les guerre ou la répression. Mais ce n’est par un cas isolé.
Il ne reste, en effet, plus que quelques jours avant le 31 octobre et le début de la trêve hivernale. Durant la pandémie, des directives avaient été données pour les suspendre ou tout au moins pour les limiter, et aujourd’hui, c’est la course pour « apurer le stock » ! Cela, dans un contexte de très forte inflation, de flambée des charges, de hausse des loyers et l’inévitable multiplication des impayés.
Devoir choisir entre se loger ou manger, laisser dormir à la rue des enfants scolarisés…, n’est pas tolérable ! Tous ensemble, il faut s’organiser contre l’augmentation des charges et des loyers et contre les expulsions. Après le rassemblement, une grosse délégation s’est rendue à la mairie avec la famille pour exiger un relogement d’urgence et la mise en œuvre d’un arrêté anti-expulsion sur tout le territoire Grenoblois.
A lire, dans le numéro d’octobre de La Forge :
Se nourrir ou payer son loyer ? Faire les courses ou se chauffer ? Se rabattre sur les œufs et les produits premiers prix quand on fait les courses ne suffit plus à trancher ce dilemme.
L’augmentation des loyers au 1er octobre et l’explosion des charges
Réjouissons-nous dit le Gouvernement, ils n’augmentent que de 3,5 % ! (+17,5 € pour un loyer de 500 €). Une hausse que la revalorisation de 3,5 % des aides au logement (7,5 € en moyenne) est loin de compenser ! Quant à la hausse des charges, elle peut chez certains bailleurs sociaux dépasser les 100 %.
Depuis avril 2022, les HLM ne sont théoriquement plus exclus du bouclier tarifaire mis en place en novembre 2021. Dans les faits, seul le gaz est concerné : à ce jour, aucune aide pour le chauffage collectif électrique, ni pour l’électricité des partie communes n’a été accordée pour les HLM qui répercutent sur les locataires leurs factures d’électricité qui ont parfois été multipliées par 5. Les bonnes paroles de G. Attal pour rassurer « les personnes qui vivent en HLM », restent pour l’instant du vent ! Le « forfait charge » du barème des aides au logement n’a pas été augmenté et les ponctions qui assèchent les trésoreries des bailleurs sociaux se poursuivent allégrement : plus d’1,3 milliard d’euros par an confisqués au logement social avec la seule RLS (pseudo « réduction de loyer social ») de 2017, un nouveau « prélèvement exceptionnel » de 300 millions d’euro (plus de 2 mds depuis 2020) sur les caisses d’Action logement… Pour remplir les caisses, les bailleurs HLM vendent au privé une partie de leur patrimoine : immeubles logeant les personnes les plus précaires, dont ils ont abandonné l’entretien ; ou situés dans des zones où les prix de l’immobilier sont élevés (ce qui renforce l’impossibilité des classes populaires à se loger dans le cœur des villes). D’autres, se transforment en promoteurs immobiliers : ils mettent immédiatement à la vente tout ou partie des nouveaux logements qu’ils construisent. Les délais d’attribution des logements sociaux ne cessent de s’allonger : plus d’un an en moyenne, plus de 3,5 ans à Paris o, moins d’une demande sur 16 est satisfaite ! Le gouvernement voudrait voir généralisé un système de « cotation » pour prioriser les demandeurs les plus précaires, mais ce tri entre les pauvres ne permet même pas de répondre aux « DALO » (droit au logement soi-disant opposable) dont moins de 20 % des demandes sont satisfaites !
Des mesures contre les « passoires énergétiques » qui se retournent contre les locataires les plus précaires
Depuis le mois d’août, les propriétaires de logement à étiquette énergétique F ou G ont interdiction d’augmenter les loyers s’ils ne procèdent pas à des travaux d’isolation. Ils peuvent en revanche continuer à louer en toute légalité des « passoires thermiques ». Selon le DAL (analyse consultable sur son site), « les mesures adoptées protègent les bailleurs et même les marchands de sommeil, mais elles menacent et fragilisent les locataires ». L’obligation de travaux – souvent réalisés au moindre coût par des entreprises peu scrupuleuses qui ont saisie l’aubaine – va « produire une nouvelle flambée de loyer sur le parc locatif privé ainsi qu’une vague d’expulsions massives ». Dans ces conditions, ces mesures « vont renforcer la pénurie de logements accessibles aux classes populaires et donc accroître encore le sans-abrisme. Elles vont accélérer le glissement du parc locatif privé… vers la location meublée de courte durée et… vers les marchands de sommeil. La disparition progressive de ce parc locatif, passant aux mains d’investisseurs, de petits spéculateurs et de marchands de sommeil va encore durcir la crise du logement ».
Dans ce contexte où les couches populaires continuent de s’appauvrir et de payer de plus en plus durement la crise, le mot d’ordre qui a résonné dans les manifestations du 29 septembre est plus que jamais d’actualité. De l’argent pour les salaires, les pensions, les bourses… De l’argent pour se nourrir, se loger, se chauffer…, pas pour les actionnaires et pas pour faire la guerre !Le gel des loyers et des charges, une revalorisation conséquente des aides au logement, l’isolation des passoires thermiques sans hausse de loyer ni de charges, la construction massive de logement sociaux à bas loyer sont des urgences pour lesquelles il faut continuer à se mobiliser. Ces bagarres ne peuvent se mener de manière isolée. Les associations, les comités de locataires, sont essentiels pour se défendre.