Strasbourg, une belle journée de solidarité avec la Kanaky

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Groupe musical Wadu Inu

L’objectif de faire connaître la résistance et la lutte du peuple kanak et d’appeler à la solidarité, plus particulièrement pour les prisonniers politiques déportés en France, a été plus que rempli ce samedi 2 novembre. La journée a été une réussite. Salle remplie, interventions et discussions intéressantes, échanges nombreux et une équipe logistique efficace.

14h30, la réunion publique a fait salle comble

Faire connaître l’histoire et la culture kanak est un élément essentiel de la résistance du peuple kanak contre la colonisation et dans sa lutte pour l’indépendance. Le colonisateur veut faire passer culture et histoire au second plan pour garder le territoire dans le giron de l’Etat français. Une manière idéologique de casser la volonté d’indépendance d’un peuple.

La coutume et les traditions jouent un rôle important dans la société kanak et dans la vie de tous les jours. La réunion publique s’est ouverte sur un geste de la coutume, celui de la natte en pandanus. La natte occupe une place centrale dans la vie des femmes kanak, car elle est présente à travers toutes les étapes de la vie de la famille, depuis la naissance de l’enfant jusqu’au décès. Luc Tournabien, auteur du livre « Kanaky-Nouvelle Calédonie. 40 ans d’émancipation pour mieux recoloniser ? », français d’origine et séjournant en Nouvelle Calédonie dans les années 1980, est resté « sur le caillou » et a rejoint les forces indépendantistes. Il était l’un des intervenants de la réunion. Pour rejoindre la tribune, il a « fait la coutume » tout en l’expliquant à la salle. Il s’est avancé vers les organisateurs kanak en demandant la « permission d’entrer, de rejoindre la réunion ». Il a expliqué qu’il avait tressé des mots pour la Kanaky qu’il leur offrait dans son livre. Les organisateurs l’ont remercié en le priant d’entrer dans la réunion et en lui offrant une natte traditionnelle. La réunion publique pouvait commencer.

La réunion, sans réelle tribune, entrait en plein dans le vif de ce que vivent le peuple kanak et les militants.

Une saynète « L’expérience du café », montrant le mécanisme de la colonisation. L’arrivée des bagnards et leur rôle dans la colonisation. Puis la politique de colonisation de peuplement par l’Etat français. Des diapositives retraçant l’histoire de la résistance depuis le chef Ataï, la lutte des Kanaks dans les années 1980 et les événements de la grotte d’Ouvéa. La question foncière et la spoliation des terres. La terre est importante dans la vie sociale kanak ; sans terre, le Kanak ne peut plus dire d’où il est et est comme « mort socialement ».

Les témoignages de femmes Kanak étaient poignants. La compagne de Christian Tein, emprisonné à Lutterbach, a expliqué l’arrestation et la déportation. Une Kanak a témoigné de la vie de la tribu de St Louis qui a été depuis les événements de mai 2024 coupée du monde pendant 3 mois et soumise au régime de l’indigénat, quasi apartheid.

Luc Tournabien est intervenu sur les aspects historiques et politiques des trois référendums, des accords de Matignon puis de Nouméa et sur la question de la Kanaky, peuple inscrit par l’ONU sur la liste des pays à décoloniser, un processus que la France n’a pas entamé.

Cette série de témoignages vivants et concrets étaient importants pour le public.

Il y avait du monde, beaucoup de militants, dont certains militants qui ne connaissaient pas cette réalité ; des jeunes, des Kanaks de France qui ne savaient pas tout de la vie du « caillou ». Un jeune militant déclare « Je ne pensais pas que cela pouvait se passer ainsi là-bas. Je suis révolté ».

La journée s’est terminée par une soirée culturelle et musicale, à partir de 20h. Un groupe de musique traditionnelle, Wadu Inu, a fait danser les présents. La salle fourmillait de monde. Beaucoup de Kanak étaient venus d’autres villes. Puis un jeune Kanak, DJ, Omy, a terminé la longue soirée.

Une forte expression de la solidarité.

D’abord dans le travail collectif qu’a réalisé l’équipe de la logistique. Des militants du mouvement de solidarité Palestine ont tenu le bar et la restauration. Les stands politiques affichaient haut et fort leur position de soutien à la cause Kanak.

Les rencontres et les discussions sur les stands étaient très positives. On ressentait dans la foule kanak un sentiment de fierté, de retrouvailles, se retrouver en tant que peuple et partager ce moment d’échanges. Un ressenti de fraternité avec tous ceux présents qui soutenaient la lutte du peuple Kanak. Des étudiants d’Unistras animaient la table de solidarité Palestine.

Notre parti tenait une table de presse où la brochure sur la Kanaky et le recueil d’articles de La Forge de mars à octobre sur la Kanaky, réalisé spécifiquement pour la soirée, ont plu à beaucoup de monde. Peu de monde connaissait La Forge et nous avons pu offrir des numéros parlant de la cause Kanak.