Le 22 octobre 2024, un Collectif d’associations (Attac, Fondation Copernic…) françaises et martiniquaises (COAADEP, Mouvement international pour les réparations, Vies volées, coalition 2011…) et d’organisations syndicales (CGT, FSU, Solidaires, Confédération Paysanne) avait donné rendez-vous devant le Palais de justice de Paris (Boulevard du Palais). Il s’agissait de dénoncer le non-lieu prononcé dans le scandale de la pollution au chlordécone aux Antilles en janvier 2023 et de soutenir les avocats qui plaidaient ce 22 octobre pour que soient retenues deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC).
L’une porte sur la responsabilité pénale de l’Etat dans l’empoisonnement de la population martiniquaise et l’autre sur la définition même d’empoisonnement.
Un « scandale sanitaire », mais pas de poursuites contre les responsables ?!?
Le 2 janvier 2023, les juges d’instruction du pôle de santé publique de Paris avaient abandonné les poursuites dans ce dossier ouvert en 2008, tout en reconnaissant un « scandale sanitaire » ?! Suite à ce non-lieu, les parties civiles avaient fait appel et déposé ces deux QPC. Si elles étaient acceptées par la Cour d’Appel, les procédures seront renvoyées devant la Cour de cassation puis au Conseil constitutionnel.
Procédure longue, complexe qui n’a pas forcément l’assentiment de nombreux victimes « qui ont déjà assez attendu ». Un des avocats a souligné lors de son intervention au micro devant la centaine de manifestants-es rassemblés : « on consolide le dossier, si le Conseil constitutionnel revient à une définition plus souple, alors il suffira de prouver que l’on savait que la substance était mortelle pour que le crime d’empoisonnement soit reconnu ».
Lors de la première prise de parole, Robert Saé pour le Collectif des Ouvriers -ères Agricoles Empoisonnés-es par les Pesticides (COAADEP) a relu un tract diffusé aux ouvriers des bananeraies en… 1973 pour montrer que contrairement à ce qu’on pu affirmer les propriétaires des bananeraies, les autorités, l’Etat colonial… les dangers du chloredécone étaient déjà largement connus dès cette époque.
En 1975 une usine fabricant ce pesticide aux Etats Unis avait été fermée pour des raisons sanitaires et l’OMS l’avait classé dès 1979 comme cancérigène possible.
Toutes les interventions sont revenues sur ce fait que « tout le monde savait » et que la santé du peuple Martiniquais comme celle du peuple Guadeloupéen, la terre, l’eau… ont été contaminées sciemment pour les intérêts notamment des planteurs de banane. Les mêmes qui aujourd’hui sont responsables de la « vie chère » comme l’a souligné un des avocats.
L’appel à la « conférence débat » du vendredi 25 octobre à la Bourse du travail à Paris sur la situation sociale en Martinique a été diffusé à l’occasion.