Un local pour les livreurs à vélo de Grenoble

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12 juillet 2024

En imposant aux livreurs le statut de travailleurs indépendants « micro-entrepreneurs, les Deliveroo, Uber Eats et autres plateformes, se dispensent de toutes leurs obligations d’employeurs : les livreurs sont payés à la course (et non sur leur temps de travail réel comprenant de nombreux temps d’attente) ; ils doivent financer eux-mêmes leurs outils de travail (vélo, téléphone équipements…) ; la rue est leur « local de travail ».

Ces conditions matérielles les placent dans une grande précarité et les exposent à de nombreux risques. Elles rendent également plus difficile l’organisation collective.

Le 11 juillet une conférence de presse était organisée pour la remise des clefs par la Ville de Grenoble, d’un local au centre-ville qui sera géré par l’Association pour les droits et l’accompagnement des livreurs indépendants (ADALI).

Son président qui est également secrétaire du syndicat CGT des livreurs de Grenoble, a rappelé le parcours pour arriver à ce beau moment : 

« Les premières rencontres avec la mairie de Grenoble datent de 2021.

L’initiative en revient à l’union locale CGT, après que quelques-uns d’entre nous ce soient rendus à la Bourse du travail pour exposer les difficultés que rencontrent les livreurs à vélo travaillant pour les plateformes Uber Eats et Deliveroo.[…]

Débarrassées de toutes les contraintes d’un employeur classique, les plateformes ne paient pas les temps d’attente et, bien sûr, ne mettent pas de local de travail à la disposition des livreurs : qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ou que ce soit la canicule …, par tous les temps les livreurs attendent les commandes dans la rue.

Ces conditions font que c’est très difficile pour les livreurs de se retrouver en collectif de travail.

C’est pourquoi nous avons pris l’initiative de nous syndiquer pour défendre nos droits vis-à-vis des plateformes et participer aux luttes des autres travailleurs comme nous l’avons fait au moment au moment de la réforme des retraites.

Nous avons également créé une association le 8 décembre 2022 : l’Association pour les droits et l’accompagnement des livreurs indépendants (ADALI) »

Pourquoi s’être adressé à la ville ?

« Nous savions que la mairie ne pouvait pas être notre interlocuteur sur toutes nos revendications : elle n’est pas notre employeur ; ce n’est pas elle qui nous rémunère ; ce n’est pas elle qui bloque arbitrairement les comptes de certains d’entre nous.

Mais l’exercice de notre profession dans les rues de la ville pose un certain nombre de difficultés qui relèvent des compétences de la ville : par exemple, lorsqu’il pleut et que nous sommes obligés de nous mettre à l’abri sous un abribus ou sous l’auvent d’un magasin, cela génère parfois des tensions avec les habitants ou avec les commerçants.

C’est pourquoi, dès nos premières rencontres, accompagnés de nos camarades de l’union locale CGT, nous avons posé la question d’un local pour nous mettre à l’abri ou au frais, nous désaltérer ou prendre une boisson chaude, recharger nos téléphones entre 2 courses. Un local qui puisse également nous servir de lieu de réunion.

C’est chose faite aujourd’hui. »

Un très beau local, bien situé au cœur de la Ville là où travaillent de très nombreux livreurs :

« Il va nous être précieux pour toutes les raisons que nous avons évoquées. Il va améliorer les conditions de travail des livreurs. Au moins pour ceux qui travaillent à Grenoble et tout particulièrement pour les très nombreux livreurs qui travaillent au cœur de la ville. […]

Nous sommes au centre-ville, tout près de la place Victor-Hugo et nous avons tous en tête la scandaleuse rafle qu’y a ordonné le préfet de l’Isère en décembre dernier. Cette opération de police qui a soulevé l’indignation de beaucoup de monde et qui a été dénoncée par Monsieur le maire de Grenoble, a fait peur à beaucoup de livreurs et c’est rassurant de disposer ici d’un local fermé. »

L’intervention s’est terminée par des remerciements et une remise en contexte :

« Merci à la municipalité et à ces équipes. Merci aux techniciens qui l’ont remis à neuf. Merci à la Maison des Habitants Vieux Temple qui nous a donné une précieuse solution d’attente. Merci à la CGT qui nous a aidés à nous organiser. Merci à tous les livreurs qui ont eu le courage de s’engager. Merci aux associations qui nous ont soutenus après la rafle de décembre dernier.

Nous sommes fiers de l’engagement des livreurs pour s’organiser et se battre pour leurs droits en s’intégrant au mouvement social avec tous les autres travailleurs.

Nous sommes touchés par les actes concrets de solidarité que nous saluons.

Tout ça est particulièrement importants dans la période difficile que traverse tout le pays. C’est une façon de dire haut et fort notre refus commun du racisme et de la division entre travailleurs.

Nous allons aménager ce beau local, nous organiser pour le gérer et le faire fonctionner

Nous comptons en faire bon usage.

Nous allons continuer notre engagement pour faire grandir notre association et notre syndicat … pour continuer à prendre notre place parmi les associations et les syndicats qui sont un important rempart contre la montée de la réaction et de l’extrême droite.

Nous donnons rendez-vous à tous pour une inauguration officielle en septembre. »